A Curtina, saint Césaire – San Cesario – évêque d’Arles qui vécut au VIème siècle, a donné son nom à la plus ancienne des chapelles encore debout dans la vallée (1030). L’abbé Pierre Lhostis, qui s’est penché sur les différents édifices religieux de la commune dans ses « Bribes d’histoire locale, 1100 à 1960 », présente cette chapelle comme le pendant de Saint-Michel de Sisco, posée sur un lieu escarpé afin de se défendre des incursions sarrazines et barbaresques qui ont dévasté le Cap jusque dans la première moitié du XVIIIème siècle. Saint-Césaire est orientée d’ouest en est. Geneviève Moracchini-Mazel, dans son ouvrage sur « Les églises romanes de Corse » insiste sur la gémellité historique et architecturale entre ces deux bâtiments. « On voit, écrit-elle, que toutes les pierres longues et minces sont taillées comme celles de San Michele de Sisco mais qu’elles ont été replacées tant bien que mal dans une réfection totale du mur maçonné en « terra rossa ». La tradition orale rapporte que les deux sanctuaires dépendaient du curé de Sisco jusqu’au XVIIIème siècle.
Une pierre gravée, encore visible à droite de l’entrée principale indique la date du 26 mars 1472. Il ne s’agit pas de la date de la construction, mais de celle d’une plaque mortuaire que les maçons ont découverte dans une partie effondrée du bâtiment et qu’ils ont repositionnée sur le mur extérieur. L’intérieur de l’édifice, souvent remanié –l’abside primitive a, par exemple, disparu- a été totalement réaménagé au milieu du XIXème siècle et restauré selon les canons du style baroque. Quelques tableaux et ex-voto sont accrochés aux murs. Le bénitier à double vasque est une curiosité.
L’abbé Lhostis donne une indication précieuse : à la fin du XVIIIème siècle, 400 cierges étaient distribués (et vendus) aux paroissiens le 1er dimanche de Carême.
De Saint-Césaire, on aimera aussi le toit moussu qui fait face à l’horizon et le clocheton bien conservé à la hauteur de la trouée bleue, entre ciel et mer. Pour avoir cette vision de la chapelle, il faut grimper sur le talus situé derrière le bâtiment.